Passoires thermiques – Les perspectives

DES OBJECTIFS GOUVERNEMENTAUX IRRÉALISTES ?

Dans un article paru tout récemment, Bвti & Isolation s'est fait l'écho d'une étude menée par Xerfi Precepta, un spécialiste reconnu des études sectorielles. Ses conclusions sur la faisabilité du plan d'éradication des passoires thermiques et sur le réalisme des objectifs fixés sont pour le moins mitigées.

 

La rénovation énergétique a certes le vent en poupe. Elle profite bien des aides directes, telles que la subvention MaPrimeRénov’, les CEE, et les nombreuses aides disponibles (pour qui sait les chercher…) auprès des collectivités territoriales et locales. Cela même si des voix s'élèvent dans le public et parmi les artisans pour dénoncer la complexité des procédures d'attribution. et des critères d’éligibilité La croissance annuelle anticipée en 2024 et 2025, sur la base d'un marché estimé équivalant à 114 milliards d'euros en 2022, devrait dépasser 4 %. Cette progression est conséquente, en dépit d'un ralentissement prévu en 2023 – dû essentiellement à l'inflation et au recul des ventes dans la construction ancienne.

 

Dans le seul secteur de la rénovation et de l'entretien de l'habitat résidentiel, le marché devrait passer le cap des 100 milliards d'euros en 2025, soit un rythme de croissance 2,5 x supérieur à la décennie 2010 - 2020. Les mesures incitatives en faveur de la transition énergétique ont donc un réel impact. Mais pour les seules passoires thermiques du parc locatif (étiquettes F et G), il faudra dépenser a minima 150 milliards d'euros d'ici 2034, dont près de 40 milliards pour atteindre, en 2025, les objectifs du premier palier. À cette date, pour les logements de la catégorie G, le renouvellement ou la signature d'un bail seront interdit (rappelons ici que les baux existants resteront valides jusqu'à échéance, contrairement à ce que certaines formulations laissent entendre). Il s'agit là d'un montant considérable et soumis à des incertitudes majeures : rien n'indique, en particulier, que tous les propriétaires bailleurs sont prêts à entreprendre une indispensable rénovation en profondeur. Ils risquent de capituler au vu des coûts afférents, faute d'un rapport défendable entre l'investissement, son retour probable, et la valeur du bien proprement dit.

 

Dans les copropriétés également, le doute est permis. C’est là en effet une catégorie où les passoires thermiques abondent. Ainsi, les copropriétés concernées par la problématique des passoires thermiques sont souvent issues de la la reconversion de logements sociaux datant de la pire période des ‘Trente Glorieuses’ en matière de qualité de la construction dans l'habitat social. Or nombre de ces immeubles, dotés d'une isolation thermique symbolique, voire inexistante, ont fait l'objet de programmes d'accession à la propriété. Ici, les règles spécifiques aux copropriétés liées aux décisions à prendre viennent compliquer encore la situation. Pour la débloquer, il est vraisemblable qu'il faille conjuguer une approche innovante des aides directes, du financement du reste à charge, et des options envisageables en matière d'ingénierie patrimoniale.

 

Quant aux particuliers, ils mobilisent des fonds propres – lorsqu'ils en ont les moyens. Cela simplifie le dispositif, mais ne résout pas tout. D'autant que, souvent, ce sont des ménages modestes ou relativement modestes qui occupent les passoires thermiques de l'habitat individuel privé. À cela s'ajoute la difficulté à s'orienter par rapport à des subventions certes disponibles, mais dont les modalités d'attribution peuvent décourager ou rebuter (voir plus haut, cf. MaPrimeRénov’).

 

Les objectifs gouvernementaux, enfin, se heurtent également à un problème structurel au niveau du bâtiment. Plus encore que de nombreux autres secteurs, la pénurie de personnel qualifié est aiguë. Pour les artisans – et en dépit des efforts faits par les fabricants, notamment les spécialistes des ETICS, pour offrir des formations de tous niveaux – cela complique énormément le recrutement de nouveaux collaborateurs. Sans compter que l'apprentissage du geste et l'acquisition des connaissances de base n'ont rien d'immédiat…

 

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ARTICLE BÂTI & ISOLATION