Le Blog du Mur Manteau

Dans une publication en ligne actualisée le 24 juillet 2025, le gouvernement annonçait une réouverture le 30 septembre prochain du guichet de demande de subvention MaPrimeRénov’ ‘Rénovations d’ampleur’ destinée aux particuliers – dont la suspension était intervenue le 23 juin 2025. La suspension survenue en juin n’a affecté, en revanche, ni le dispositif MaPrimeRénov’ Copropriété, ni les aides destinées aux interventions dites ‘monogeste’ ; leur l’accessibilité, dans les deux cas, n’a pas été interrompue, et leurs modalités resteront inchangées jusqu’à fin 2025. Selon les termes du communiqué, « L’accès à ce soutien financier [à destination des particuliers] sera alors restreint, et les modalités du dispositif modifiées ». Le gouvernement précise que le budget total disponible pour 2025, soit 3,6 milliards d’euros, ne peut être dépassé «… compte tenu de la contraine budgétaire de la France ». Rappelons que depuis le début de l’année 2025, plus de 65 000 demandes ont été déposées. Selon les indications du gouvernement, plus de 20 000 parmi les dossiers déposés ont un caractère frauduleux suspecté ou avéré. Si tel est effectivement le cas, force est d’admettre que les tentatives de fraudes sont massives… À compter du 30 septembre et jusqu’à la fin de l’année 2025, un quota de 13 000 dossiers maxi. a été fixé – un chiffre sensiblement inférieur au nombre de dossiers déposés pour le seul mois de juin dernier. Au cas où le nombre de demandes excèdera le quota – ce qui est probable, a priori – l’excédent pourra être pris en considération en 2026… si le programme d’aide est reconduit (selon des modalités qui restent à définir). Pour tous les nouveaux dossiers déposés à compter du 30 septembre, des critères et des montants modifiés seront applicables. Ainsi, lors de la réouverture de MaPrimeRénov’ ‘Rénovations d’ampleur’ —> seuls les ménages très modestes seront éligibles (hors Île-de-France, cela correspond à un RFR – revenu fiscal de référence – inférieur à 1430 euros/mois pour une personne seule). En fonction de la « dynamique de dépôt » (sic), un élargissement aux ménages est envisagé ultérieurement. —> seules les passoires thermiques (étiquettes énergétiques E, F et G) seront éligibles. —> le plafond initial des travaux subventionnables – 70 000 euros – est abaissé à 40 000 euros pour un gain de trois classes énergétiques et à 30 000 euros pour un gain de deux classes. —> le bonus de 10 % dit ‘sortie de passoire’, applicable aux logements classés F et G, est supprimé . —> l’instruction des dossiers déposés entre le 30/9/2025 et le 31/12/2025 sera différée au 1 er trimestre 2026 « sous réserve de vote de la loi de finances [2026] ». Le critère d’éligibilité de base reste pour sa part inchangé : pour pouvoir prétendre à une aide dans le cadre de MaPrimeRénov’ ‘Rénovations d’ampleur’, il faut soumettre un dossier qui inclut au moins deux interventions concomitantes à choisir dans une liste de 6 opérations – isolation (mur, toit, plancher bas, menuiseries extérieures), ventilation ou renouvellement du système de chauffage ou de production d’eau chaude sanitaire par un dispositif éligible selon la liste en vigueur. En parallèle, le gouvernement a annoncé qui les fraudeurs seraient poursuivis avec une vigueur nouvelle et sur la base de la loi du 30 juin 2025 centrée sur la lutte contre les fraudes aux aides publiques. À noter : cette loi ne vise pas spécifiquement les programmes d’aide à la rénovation énergétique, mais elle leur est applicable. Elle se fonde sur des échanges de données intensifiés entre les diverses instances publiques impliquées et inclut des pénalités plus sévères en cas de fraude constatée.

Actualisation au 5 juin 2025 : le dispositif d’aide MaPrimeRénov’ est officiellement suspendu ! Le lendemain même de la parution du communiqué de presse du Collectif Rénovons, le ministre de l'Économie Eric Lombard a confirmé la suspension – qualifiée de temporaire – de MaPrimeRénov' en raison d'une « avalanche » de demandes et de fraudes trop nombeuse. À l’occasion d’une séance de questions au gouvernement au Sénat, le ministre a précisé : « il y a à la fois un encombrement en ce moment et un excès des fraudes [...] sur lequel nous voulons reprendre la main, d'où la suspension […}. Éric Lombard s’est voulu rassurant, en ajoutant : « Mais naturellement, une fois que cela sera réglé, le processus pourra continuer {…}. Il ne s'agit pas de faire une économie en cachette comme ça, en bloquant le système », sachant que le gouvernement « … a bien l'intention de rétablir le fonctionnement avant la fin de l'année ». ——————–––––——————————————————— Par suite d’une augmentation massive des demandes d’aide à la rénovation énergétique, une suspension du financement pourrait intervenir au cours de l’année 2025 – en raison de l’épuisement de l’enveloppe budgétaire disponible. Sur le plan de la logique et dans la perspective d’un intérêt fortement accru de la part du public, ce serait là un non-sens majeur. En effet, les principaux bénéficiaires sont les occupants des nombreuses passoires thermiques encore présentes au sein du parc immobilier français – et dont l’éradication est dans l’intérêt de toutes les parties prenantes. Sans compter qu’elle constitue une priorité de l’action gouvernmentale pour la transition énergétique et le développement durable. Hausse de la demande et restriction de l’enveloppe budgétaire allouée par le gouvernement : un risque de collision frontale À l’automne 2024 déjà, le Collectif Rénovons avait sonné l’alarme : alors même que se dessinait une demande d’aide en forte hausse, le budget prévu diminuait de moitié, avec une baisse de près de 2 milliards d’euros ! Dans ces conditions, il paraît difficile d’éviter une impasse dans les mois à venir. Le risque ? Briser une dynamique de croissance qui, de surcroît, bénéficie pour plus de 75 % à la rénovation des passoires thermiques – et alors que, par rapport au 1 er trimestre 2024, le nombre total des aides allouées a triplé ! Des enjeux sociétaux majeurs Pouvoir d’achat, salubrité des logements, confort en toute saison, économies d’énergie, valorisation du patrimoine et protection de l’environnement : autant de paramètres incontournables dans la recherche d’un progrès sociétal qui reflète les préoccupations des Français, sans oublier les impératifs de la Stratégie Nationale Bas-Carbone, dont l’implémentation est l’un des axes prioritaires de l’action gouvernementale. Aussi, l’interruption de MaPrimeRénov’ constituerait-elle un manquement fondamental aux engagements gouvernementaux – et une source de répercussions multiples et sévères. Un risque pour la filière de la rénovation énergétique Au-delà de l’impact d’une éventuelle suspension des aides sur leurs bénéficaires potentiels, la filière pourrait se retrouver en porte-à-faux par rapport à des orientations fondées sur la pérennité de l’effort engagé par l’État : confiants dans cette pérennité, les industriels et les artisans ont calibré leurs recrutements et leurs investissements sur la dynamique insufflée par les aides à la rénovation. En l’absence d’une approche cohérente et du respect des orientations prises, le préjudice économique que subiraient les acteurs de la rénovation énergétique pourrait s’avérer très conséquent. Face aux implications multiples de la situation actuelle, le Collectif Rénovons a appelé le Gouvernement, en date du 4 juin 2024, à donner suite à toutes les demandes d’aide pour 2025 dans le cadre de MaPrimeRénov’, et à prévoir pour 2026 un budget à la hauteur de la demande et des enjeux.

MaPrimeRénov’ Copropriété est un dispositif d’aide dédié au travaux de rénovation énergétique est réservée effectués sur les parties communes de copropriétés et sur les parties privatives déclarés d’intérét collectif. Elle n’exclut pas MaPrimeRénov’, pour les parties privatives de chaque logement, une rénovation par geste ou une rénovation d’ampleur à l’initiative individuelle des copropriétaires, dans le cadre des dispositions de MaPrimeRénov’ applicables aux particuliers. Les travaux prévus sont votés lors d’une assemblée générale de copropriétaires. MaPrimeRénov’ Copropriété est ensuite demandée par le syndic de copropriété au titre du syndicat des copropriétaires. La subvention est versée directement au syndicat de copropriétaires puis répartie selon la régle des tantièmes. Le montant alloué dépend du coût des travaux, de la situation de la copropriété et du nombre de logements : MaPrimeRénov’ Copropriété finance de 30 % à 45 % du montant des travaux selon l’ambition de rénovation énergétique – avec un plafond de 25 000 euros par logement. Pour être éligible à MaPrimeRénov’ Copropriété, l’assistance à maîtrise d’ouvrage est obligatoire. Cette prestation est financée à 50 %par l’Anah, selon les modalités suivantes : • Plafond de 600 euros HT par logement pour une copropriété de plus de 20 logements • Plafond de 1000 euros HT par logement pour une copropriété de 20 logements ou moins • Plancher de 3 000 euros par copropriété. Pour étre éligible, la copropriété doit en outre satisfaire aux condition ci-dessous : • Au moins 75 % des lots (65 % pour les copropriétés de 20 lots ou moins) ou à défaut des tantièmes doivent être dédiés à l’usage d’habitation principale. - Un gain énergétique d’au moins 35 % est requis pour débloquer un premier palier de subvention. Pour débloquer un second palier, un gain énergétique d’au moins 50 % est nécessaire. • La copropriété doit à jour de son immatriculation au Registre national des copropriétés. À noter : l’attribution de l’aide MaPrimeRénov’ Copropriété est subordonnée à une évaluation énergétique. Différentes méthodes d’évaluation énergétique sont admises jusqu’au 31 décembre 2026. Au-delà de cette date, la méthode 3CL-2021 sera seule à faire foi.

Le 25 février 2025, La Commission européenne a annoncé le lancement d’un Plan d’Action destiné à abaisser, au bénéfice des entreprises et des particuliers de l’Union Européenne, les coûts structurels de l’énergie. Le plan se concentre sur quatre mesures orientées vers un effet positif à relativement court terme : Baisse des prix de l’énergie Finalisation de l’Union Énergétique Stimulation des investissements par le jeu de mesures incitatives Meilleure préparation aux crises énergétiques potentielles à venir. L’objectif global : économiser annuellement 260 milliards d’euros d’ici 2040. L’une des compsantes essentielles de ces initiatives est le Pacte pour une Industrie propre (Clean Energy Deal) https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_25_550 . En 2025, l’objectif est d’économiser 45 milliards d’euros – un premier pas vers l’objectif à terme mentionné plus haut. Le Plan d’Action se veut une ouverture vers une intégration croissante dans le cadre de l’Union Énergétique, en facilitant la transition vers les sources d’énergie renouvelables, les économies d’énergie, et une intégration accrue des marchés et des infrastructures – tout particulièrement au niveau des résaux électriques nationaux, dans le droit fil du plan de restructuration des réseaux https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_22_3131 Le Plan d’Action prévoit notamment d’accélerer les possibilités d’investir dans les énergies ‘propres’ et d’accroître la transparence du marché du gaz. À cela s’ajoute l’accélération annoncée des délais d’autorisation en matière de restructuration et d’extension des infrastructures et d’accès aux énergies renouvelables. L’un des axes prioritaires est la régulation et la restructuration du marché européen du gaz – une énergie dont le prix actuellement excessif pénalise les entreprises et les ménages. Un accent spécifique sera mis sur l’accès au gaz naturel liquéfié et la possibilité de féderer les achats au niveau européen pour mieux négocier les coûts d’achat. Mais c’est une décarbonation systématique de l’énergie qui est, à terme, la voie la plus prometteuse. Elle permettra notamment un découplage bien meilleur de la volatilité des marchés, qui laisse l’Union Européenne très exposée aux effets des évolutions économiques et géopolitiques. Le dernier volet de la démarche est la prévention des risques de crise – y compris dues à la cybercriminalité, au chantage géopolitique voire aux actions de sabotage à grande échelle.

Les incertitudes sur l’implication du gouvernement dans le dispositif MaPrimeRénov’ ont généré ces derniers mois une insécurité croissante – au niveau des acteurs de la profession comme des ménages potentiels bénéficiaires des aides disponibles. La commission mixte paritaire, qui s’est tenue le 30 janvier 2025, a proposé de réduire la baisse des crédits alloués de 560 à 460 millions d’euros, ‘sauvant’ ainsi 100 millions d’euros. Mais en ce début du mois de février, entre des ‘ajustements’ éventuels annoncés par le gouvernement et l’examen prévu à l’Assemblée Nationale, le résultat final reste incertain. À cela s’ajoute le risque d’une motion de censure si le Premier ministre décidait de recourir à l’article 49.3. Pour l’heure, la situation reste pour le moins incertaine. Elle inhibe la propension des ménages à engager des travaux, affecte les artisans en réduisant leurs carnets de commandes, compromet le développement durable, et déstabilise la filière toute entière de l’isolation thermique. De plus, les objectifs climatiques et de neutralité carbone se trouveront affectés à plus long terme. La profession dénonce et déplore par conséquent des retombées très négatives. Elles ont de surcroît le potentiel à déclencher un cercle vicieux : la sous-mobilisation du dispositif MaPrimeRénov’, due aux hésitations des ménages, pourrait justifier en 2026 une nouvelle baisse de l’enveloppe budgétaire. Or elle ne serait pas justifiée par le manque d’intérêt des bénéficiaires éligibles aux aides, mais par leur appréhension – bien compréhensible – à engager des travaux conséquents dans un climat incertain. Les huit signataires de la lettre ouverte au gouvernement et aux parlementaires appellent également les pouvoirs publics à engager une vaste campagne de communication. Son objectif : promouvoir les bénéfices à court, moyen et long terme de la rénovation énergétique et thermique des logements. Or ces bénéfices sont multiples : baisse des consommations, réduction de la dépendance énergétique, confort accru, diminution de la précarité énergétique, stimulation de l’activité économique et de l’emploi, sans compter un impact très positif sur l’environnement.

En ce début d’année, les projections des divers acteurs du bâtiment pour les douze prochains mois sont pour le moins divergentes : tandis que la FFB persiste dans l’alarme rouge, l’ANAH annonce un haut niveau d’ambition. Entre ces deux extrêmes, un large éventail d’opinions et de prévisions vont du pessimisme relatif à l’optimisme modér é. Parmi les grands acteurs industriels de la filière, le dirigeant de Saint-Gobain, Benoît Bazin, anticipe une baisse d’activité dans le neuf qui persistera au moins jusqu’au second semestre de l’année 2025 : « Le marché n’a pas encore touché son point bas ». Ce constat semble corroboré par les prévisons de la FFB, puisqu’elle considère qu’après un recul qui a fait chuter les mises en chantier jusqu’au point bas historique de 250 000 – il nous ramène à 1953 et 1954 – le recul porterait ce chiffre à 240 000 seulement en 2025. À cela pourrait s’ajouter une chute des permis de construire de 15 % sur cette même période ; l’impact négatif différé de ce chiffre affecterait à son tour le marché en 2026… Sur le segment de la réhabilitation, certains analystes détectent de signaux positifs, même si le contexte est difficile. Alain Tourdjman, Directeur Études et Prospectives chez Paris Pro Diags prévoit un redémarrage « lent et sans éclat ». Pour éviter d’ajouter des contraintes dissuasives, susceptibles de ralentir encore le processus, les ‘passoires thermiques’ présumées F ou G resteront non seulement dispensées de DPE en tant que prérequis pour l’attribution d’une prime, mais encore de l’obligation d’un parcours accompagné. Elles seront éligibles au ‘parcours décarboné’ ( = rénovation par geste) jusqu’à fin decembre 2025 – selon les termes du décret nº 2024-1143 du 4.12.2024. Sur le plan global, c’est la FFB qui se montre – à tort ou à raison – la plus alarmiste. Lors de la conférence de presse du 17.12.2024, qui marquait la clôture de l’année, le Président, Olivier Salleron, estimait à 6,6 % le repli du secteur de la construction en 2024 et prévoyait un chute de 14 % pour 2025, « …si rien n’est fait le mois prochain » ; or, vu la situation politique actuelle, cette exhortation ne sera pas nécessairement suivie d’effet. Pour assombrir encore le tableau, la FFB prévoit, dans le pire des cas, la disparition de 100 000 emplois dans les 12 mois à venir. L’ANAH, à l’inverse, annonçait en décembre « Une dynamique de fond en faveur de la rénovation », soutenue par « la stabilité réglementaire et budgétaire » qui prévaudra en 2025. Le budget d’intervention, en hausse de 600 millions d’euros, financera, selon les projections de l’agence, 100 000 rénovations d’ampleur et 250 000 gestes de rénovation sur l’année 2025. Pour en savoir plus sur les différents programmes susceptibles de dynamise – à des degrés divers – le marché en 2025, téléchargez le panorama complet des aides en cliquant sur le lien ci-dessous.

Présenté le 10 octobre dernier, le Projet de Loi de Finance pour l’année à venir s’inscrit dans le sillage de la Déclaration de Politique Générale faite le 1 er octobre par le Premier Ministre, Michel Barnier. Les restrictions budgétaires sont à l’ordre du jour, et elles n’épargnent pas la transition écologique. Au-delà d’un consensus – au moins de façade – sur sa nécessité et son urgence, la transition écologique voit se réduire les investissements qu’elle exige, et cela touche notamment le dispositif MaPrimeRénov’. Le gouvernement Barnier veut « … poursuivre la transition écologique » en annonçant conjointement un « recalibrage des aides ». L’euphémisme ne trompe personne : il ’agit de diminuer les dépenses pour parvenir à raboter globalement 1,9 milliards d’euros sur l’enveloppe consacrée aux actions écologiques. Pour MaPrimeRénov’, l’exercice consiste à sanctuariser pour 2025 la réduction déjà opérée en début d’année 2024 par le gouvernement Attal, et qui se montait à 1 milliard d’euros. Cette réduction sera donc reconduite en 2025, alors que le parc immobilier continue de compter plus de 5 millions de passoires thermiques ! Toutes les parties prenantes s’accordent sur l’urgence de leur éradication, mais la distance entre les paroles et les actes reste indéniable. Christian Béchu, l’ancien ministre de la Transition Écologique, soulignait récemment : « Le problème en matière d’écologie, c’est qu’on ne parle jamais du coût de l’inaction ». L’enveloppe consacrée en 2025 à MaPrimeRénov’ se limitera donc à 2,3 milliards d’euros. Parmi les raisons invoquées : la sous-utilisation des crédits disponibles en 2024. Certains acteurs du marché soulignent cependant que ce n’est pas nécessairement par manque d’intérêt, mais plutôt par suite de la complexité du dispositif, qui peut rebuter les ménages éligibles, et d’une pénurie relative d’artisans RGE, seuls habilités à effectuer les travaux sous conditions d’éligibilité. La rénovation des logements sociaux fait également les frais des restrictions annoncées, en dépit d’un engagement pris en 2023 avec l’Union Sociale pour l’Habitat (USH). Il prévoyait jusqu’en 2026 une enveloppe annuelle de 400 millions d’Euros pour rénover les immeubles collectifs les plus déperditifs sur le plan thermique. Cette enveloppe ne sera pas, a priori, reconduite en 2025.

Le Pacte Vert pour l’Europe a défini des objectifs ambitieux en matìère de développement durable et de transition énergétique. Dans la démarche qui sous-tend l’Agenda stratégique 2024-2029 de l’Union Européenne, la performance thermique des bâtiments joue un rôle crucial, en particulier pour ceux d’entre eux qui sont les plus déperditifs – les fameuses ‘passoires thermiques’. Au-delà de la France, où leur proportion au sein du parc immobilier continue de peser sur la situation globale dans le secteur de l’habitat, elles restent nombreuses partout en Europe. Préoccupée par une approche qui manque de vigueur et parfois de logique à l’échelon européen, l’Association Européeenne des ETICS (EAE) – dont le Mur Manteau est membre – a récemment interpellé les instances européennes dans une lettre ouverte. Celle-ci est adressée à Ditte Juul Jørgensen, Directeur Général de l’Énergie et aux autres principaux responsables de la politique énergétique et environnementale au niveau de l’UE. La lettre ouverte insiste en particulier sur les aspects les plus cruciaux de la démarche à adopter et sur les déficits les plus marquants de la démarche mise en œuvre actuellement : Le potentiel d’amélioration de la performance thermique des immeubles les plus déperditifs – résidentiels ou non – en fait l’un des leviers les plus puissants pour atteindre les objectifs du Pacte Vert. Il est essentiel de respecter l’ordre le plus rationnel dans les mesures à prendre. Cela conduit logiquement à donner la priorité au traitement de l’enveloppe. Le séquencement adéquat des opérations, en commençant par accroître la performance énergétique de l’enveloppe, contribuera à soulager les infrastructures et à flexibiliser l’approvisionnement en énergie. La transition vers des sources d’énergie renouvelables profitera directement des efforts consacrés à l’enveloppe des bâtiments. Libérer une proportion plus importante d’énergies renouvelables pour des usages intensifs, notamment industriels, facilitera la décarbonation globale en offrant des sources d’approvisonnement plus stables et plus compétitives. La lettre insiste en conclusion sur la nécessité de mener de front l’amélioration de la performance énergétique et le passage à des sources d’énergie renouvelables pour concilier compétitivité au niveau européen, indépendance énergétique et maintien du revenu discrétionnaire des particuliers. Décevoir le grand public par des déficiences de coordination et de séquencement pourrait compromettre la transition énergétique en mettant en doute sa pertinence. C’est un risque qu’il s’agit évidemment d’éviter absolument.